Ligne claire, ligne sombre & autres aventures

jeudi 19 mars 2020

On a "logé" Griffu

Le précédent post m'a donné l'idée d'aller voir si l'immeuble où habite Griffu existait vraiment. Comme il fallait s'en douter avec Tardi, la réponse est : oui.

On devine à plusieurs cases que Griffu habite du côté de la rue de la Gaîté, à Montparnasse. On le voit marcher du côté de Bobino au début et la fin de l'album.




Une case, en particulier, m'a intrigué. Elle montre l'arrière d'une maison vue d'un cimetière. Comme le cimetière du Montparnasse est tout proche et que Tardi y avait déjà situé une mémorable scène du Démon des glaces, je suis allé voir du côté des tombes qui donnent sur l'arrière de la rue de la Gaîté.

A un moment, j'ai reconnu l'arrière de la "maison" de Griffu. Le doute n'est pas possible. On reconnait bien sa silhouette et les deux grands immeubles modernes qui la surplombent (les chantiers immobiliers des années 70 constituent d'ailleurs le coeur de l'intrigue de Manchette). Bien sûr, en un peu plus de quarante ans, des arbres ont poussé et masquent un peu le bâtiment.





Tardi a même poussé le réalisme plus loin. A la fin de l'album, des tueurs attendent Griffu devant chez lui. On lit un numéro au-dessus de la porte : le 17. Je suis donc allé au 17, rue de la Gaîté. Et là encore, pas de doute, le décor est celui de l'album. Le "17" est devenu le "15-17", les boutiques de part et d'autre ont changé, mais la façade est bien la même.





Le XIVème arrondissement a toujours inspiré Tardi. Le bel immeuble d'Adèle-Blanc-Sec est d'ailleurs à quelques minutes de marche de chez Griffu...

dimanche 8 mars 2020

Griffu s'affiche

Tardi et Manchette ont publié Griffu dans l'hebdomadaire B.D d'octobre 1977 à avril 1978. C'est un petit chef d'oeuvre et la vraie réussite de Tardi dans le domaine contemporain. Comme pour ses albums 1900, il s'est beaucoup documenté.

Je me suis amusé à retrouver des affiches, publications, etc, présentes dans l'album.





La case panoramique ci-dessous, qui figure sur la quatrième de couverture de l'édition originale, regorge de références.



Un petit malin a "hitlérisé" Chirac sur l'affiche de Griffu.








Ici, le numéro de Lui d'août 1977 et un clin d'oeil à Manchette avec Que d'os !







Là une revue dans le métro.




Là encore, le numéro de L'Equipe du 13 mars 1978, vers la fin de l'album. Tardi dessinait Griffu en temps réel, puisque cette case a été publiée dans B.D. quelques jours ou semaines seulement après le 13 mars 1978. Il avait pas mal de chantiers à l'époque, en particulier Ici Même (pré-publié dans (A SUIVRE) cette même année 1978) et le quatrième tome d'Adèle Blanc-Sec, Momies en folies. "L'enseignement que je tire de cette période avec Manchette est de ne plus jamais réaliser trois albums en même temps !", dira Tardi (1).




Ici une affiche sur la Palestine.




Toutes les affiches sont quasi-contemporaines de l'album et l'ancrent dans la forte politisation de cette époque -PCF, PS, PSU, manifestation contre Creys-Malville, etc.

Et les Verts faisaient encore rêver...

(1) in Temps Noir n°14 (Joseph K.), 2011.