Ligne claire, ligne sombre & autres aventures

lundi 4 janvier 2016

Aux sources de Swarte (1) : Albert Hurter


Joost Swarte n'est pas seulement un praticien du dessin. Il s'intéresse aussi de près aux créateurs qui l'ont précédé, dans la bande dessinée, bien sûr, mais aussi dans la peinture, le dessin d'animation, l'illustration, l'architecture, etc. De temps à autre, nous jetterons un coup de projecteur sur ces ancêtres souvent méconnus.

Commençons par Albert Hurter (1883-1942), l'un des principaux dessinateurs de la grande période du Studio Disney.

Voilà ce qu'en dit Swarte dans son interview du Comics Journal : "Evert Geradts, le créateur de Tante Leny, et moi étions très proches et nous nous échangions souvent des livres. Lui était plus branché sur les états-Unis, moi sur l'Europe. Un jour, il m'a montré ce livre d'Albert Hurter, où l'on voit notamment les dessins qu'il a fait pour les jouets et l'horloge de l'intérieur de Gepetto dans Pinocchio. C'est magnifique !"



(Albert Hurter travailllant sur Pinocchio, 1939)

Avec Gustaf Tenggren et Ferdinand Horvath, Hurter fait partie de ces créateurs venus d'Europe qui ont profondément influencé le style de Disney. Né en Suisse, il a d'abord travaillé pour le Barre-Bower Animation Studio, avant d'entrer chez Disney, en 1931. C'était une sorte d'apporteur d'idées (et non d'animateur au sens propre), qui remplissait des pages de croquis (un peu comme Marc Smeets...), lesquels étaient ensuite transposés à l'écran. Walt Disney appréciait sa manière d'humaniser les objets et d'introduire un humour parfois grinçant. 

On lui doit notamment l'aspect "bavarois" de la chaumière de Blanche-Neige et la mise en place de la fameuse scène où les nains pleurent la "mort" de l'héroïne (qui fit aussi pleurer nombre de spectateurs le jour de la Première à Hollywood) :






Hurter était un homme solitaire qui quittait le Studio à cinq heures pile chaque jour, pour rejoindre sa petite chambre de l'hôtel Westminster, à Los Angeles. Sa passion était sa collection de timbres. Parfois, il louait une voiture et allait rouler dans les déserts de l'Arizona et du Nouveau Mexique (les mesas de Krazy Kat...)

Sur son testament, il avait donné des instructions pour qu'un livre de ses dessins soit publié à sa mort, démarche assez inhabituelle à cette époque dans les studios d'animation, où le collectif primait avant tout. Preuve que Walt Disney le tenait en grande estime, il écrivit quelques lignes dans ce livre, dont se chargea l'un de ses bras droits, Ted Sears. 

He drew as he pleased fut publié en 1948 par Simon et Schuster. C'est un classique, recherché aujourd'hui par les collectionneurs. C'est sans doute ce livre que Joost Swarte a découvert chez Evert Geradts (ce dernier ayant un trait très disneyien, rien d'étonnant à ce qu'il le possède). Peu de liens graphiques direct avec Swarte, en revanche, il me semble.





On trouvera l'intégralité du livre scanné sur ce site. En voici quelques pages :















That's all folks !






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