Ligne claire, ligne sombre & autres aventures

vendredi 15 janvier 2016

Joost Swarte et Serge Clerc


C'était hier soir le vernissage de la partie parisienne des magnifiques expositions Ligne Claire, Paris-Bruxelles Aller-Retour de la galerie Champaka. Joost Swarte et Ever Meulen exposés à Bruxelles, Yves Chaland et Serge Clerc à Paris.

Parmi les oeuvres de Serge Clerc (la première planche du mythique Nid d'espions à Alpha-Plage, 20 000 euros, ou encore les Strays Cats au Rose Bonbon, sublime, 5000 euros), plusieurs planches de son Journal, un album dans lequel ses fans ont parfois eu du mal à entrer, mais qui pourrait bien être son chef d'oeuvre. Et parmi ces planches, celle où il rend un hommage appuyé à Joost Swarte (1500 euros, vendue instantanément...)

Il y réinterprète notamment la première case splash de l'histoire Caesar Soda :



(Swarte, Caesar Soda, 1973)



(Serge Clerc, Le Journal, 2008)


Ailleurs dans l'album, il reprend la couverture magnifique du numéro 46 de Métal Hurlant :



(Swarte, 1979)



(Serge Clerc, Le Journal, 2008)


En l'occurrence, ici, on pourrait presque dire que Serge Clerc "evermeulénise" Swarte, en aiguisant la ligne claire du Hollandais.

Ailleurs encore, c'est Jopo de Pojo qui apparait dans l'album :



(Serge Clerc, Le Journal, 2008)


Serge Clerc représente d'ailleurs Joost Swarte et Ever Meulen eux-mêmes dans cet album :



(Serge Clerc, Le Journal, 2008)

Dans un petit texte inclus dans le catalogue de l'exposition, que l'on peut également trouver sur l'excellent blog Les Mémoires de l'Espion, Serge Clerc évoque la Ligne Claire : "Joost Swarte inventait une architecture art-déco futuriste, une Belgique années 50, dans un univers parallèle où Tintin serait très bizarre dans sa tête. Pour moi, la Ligne Claire, c'est la simplification de la ligne, la pureté, l'essence",  y écrit-il. 

En bon esthète fétichiste, Serge Clerc possède d'ailleurs depuis longtemps dans sa bibliothèque les quatre volumes du Spirit avec couvertures de Swarte publiés dans les années 70 par la Real Free Press.

On a déjà écrit dans un autre post pourquoi Serge Clerc ne faisait pas partie stricto sensu de la Ligne Claire. Si l'on devait vraiment trouver une filiation, ce serait plutôt avec le Ever Meulen deuxième manière, celui du tout début des années 80, aigu et stylisé. Il lui rend d'ailleurs un discret hommage en forme de clin d'oeil automobile au détour d'une case du Journal :



(Serge Clerc, Le Journal, 2008)


Un garage qui fait rêver...

Addendum, septembre 2023. Dans le numéro 8 de Métal Hurlant nouvelle série, au détour d'une longue et passionnante interview de Philippe Manoeuvre, voilà ce que l'on peut lire : "Un soir, chez moi, je recevais Swarte, Serge Clerc, Ted Benoit et Yves Chaland. Et Swarte a donné à tout le monde un petit livre qui s'appelait De Klare Lijn, en nous disant : "C'est une exposition sur Hergé que j'ai montée, on l'appelle la ligne claire car c'est la ligne la plus sublime de la bande dessinée et je pense que la bande dessinée irait mieux si des gens comme vous, de votre envergure, de votre talent, rejoignaient la ligne claire..." Alors tout le monde s'est exclamé être d'accord, puis ils ont prêté allégeance à la ligne claire... Ils ont fait un petit serment, et six mois plus tard, Ted Benoit a sorti Vers la ligne claire. Yves Chaland s'est mis à partir vers le Jeune Albert et Quick et Flupke, à sa façon. Serge Clerc a dessiné Phil Perfect de plus en plus clair. Cet apéro improvisé a déclenché des aventures créatives phénoménales;;;"



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