Ligne claire, ligne sombre & autres aventures

mercredi 16 décembre 2015

Joost Swarte, typographe

J'ai toujours adoré la typographie des titres de Joost Swarte. Avec leurs beaux lettrages créés de toutes pièces, ils brillent comme des néons à l'entrée d'une histoire, d'un album, d'une affiche. "J'ai envie de faire le genre de choses qui fassent que si je la vois dans une vitrine d'un magasin, je ne puisse pas m'empêcher de l'acheter", dira le dessinateur hollandais dans l'excellent numéro 38/39 de Falatoff consacré à l'équipe de Tante Leny.

Durant ses études, Swarte a vécu en plein triomphe de l'esthétique "Helvetica", laquelle ne lui plaisait pas vraiment. "En revanche, Will Eisner m'inspirait beaucoup avec ses titres du Spirit", a-t-il confié à Actuabd


(Will Eisner, The Spirit)


(Will Eisner, The Spirit)

Et lorsque Real Free Press lui demanda de concevoir les couvertures des quatre volumes à l'italienne du Spirit dans les années 70, Swarte livra une maquette digne du grand Will :

(Swarte, couverture du Daily Spirit 3, Real Free Press, 1976)


Un designer, Nick Curtis, s'est amusé à créer des alphabets à partir de certains titres emblématiques de Joost Swarte. On peut d'ailleurs en télécharger quelques-uns gratuitement et s'amuser à écrire "en Swarte".


Je me dois de commencer par le "Joost a Gigolo", inspiré de l'histoire Imago Moderna :


(Nick Curtis d'après Swarte, typographie Joost a gigolo)


(Swarte, la "splash page" d'Imago Moderna, 1974)


On trouve également l'"Amsterdam Tangram", dérivé d'une affiche pour une exposition :


(Nick Curtis d'après Swarte, typographie Amsterdam Tangram)

(Swarte, 1988)



Il y a encore le "Boeuf au Joost" (inspiré de la couverture d'un disque de Tango Cuatro) et le "Joost a Millionnaire" :


(Nick Curtis d'après Swarte, typographie "Boeuf au Joost")


(Nick Curtis d'après Swarte, typographie "Joost a Millionnaire")

Swarte a multiplié les typographies et, pourtant, on reconnait toujours sa patte élégante. Il s'est même amusé, comme il l'explique dans cette vidéo filmée aux Rencontres Chaland 2010, a créer un alphabet carré, se payant le luxe d'amputer certaines lettres d'un de leurs jambages.

Ces typographies contribuent à donner leur couleur vintage aux oeuvres de Swarte. Hergé, avant lui, avait aussi apporté beaucoup de soin à la typographie des couvertures des aventures de Tintin, créant ces lettres reconnaissables au premier coup d'oeil. Et nombre des travaux publicitaires ou des logos d'Hergé, dans les années 30, brillent aussi par leur élégance.

D'autres artistes ont pu inspirer Joost Swarte dans ses recherches typographiques. On peut citer le mouvement De Stijl (en particulier Theo van Doesburg) et l'affichiste Cassandre, inventeur de la fameuse typographie Bifur :


(Theo van Doesburg, affiche, 1920)


(Cassandre, typographie Bifur)



Pour le plaisir, terminons par la "splash page" de l'histoire Modern Art, dans laquelle Swarte laisse éclater toute la palette typographique de son talent. Pour l'occasion, il arrondit même sa signature, d'ordinaire enserrée dans un carré.



(Swarte, Modern Art, 1978)


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